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Exposition “Imaginaires, Alberto Breccia” au 8ème Salon du Livre de Jeunesse de Seine Saint-Denis

L’exposition

Extrait du texte de présentation de l’exposition par Henriette Zoughebi, Directrice du Salon du Livre de Jeunesse de Seine Saint-Denis.

Cette exposition présente 127 planches, dont le sujet, le fil conducteur est l’Amérique Latine. Il s’agit donc d’un choix fait à travers l’œuvre très riche d’Alberto Breccia, qui est cette année invité d’honneur du 8ème Salon du livre de Jeunesse avec Etienne Delessert et Chris Van Allsburg. En effet, 5 siècles après le voyage historique de Colomb, il nous a semblé bien intéressant de montrer la vision d’un dessinateur argentin aussi important que Breccia sur le continent latino-américain et son histoire qui est au centre de ses livres.

A travers toute son œuvre, il livre un éclairage sur l’Argentine, nous offrant ainsi un point de vue original de l’intérieur. “Nous revenons toujours à la même chose : ce que je vis et ce que j’ai vécu, 70 ans d’oppression, de coups d’état, de peuples frustrés, d’un pays qui, quand il arrive finalement à toucher le ciel d’un doigt, est toujours anéanti.” Cette présence si forte de l’histoire dans son œuvre, l’engagement, Breccia les revendique. Pour lui le dessin est une arme, un cri de protestation. Les créateurs ont un rôle à jouer, ils gardent dans leurs œuvres la mémoire non officielle.

Breccia ne dissocie pas son dessin de la vie quotidienne qui l’imprègne : “Si par une belle journée, je décide de sortir pour aller au restaurant, j’arrête la voiture sur un grand boulevard et deux gamins âgés de 5 ans me demandent une petite pièce, je ne peux m’empêcher de le voir. Tout cela finit dans mes dessins.”

Breccia est un raconteur d’histoires, à travers la bande dessinée. Les histoires qu’il raconte s’ancrent dans sa propre destinée d’homme, d’argentin, ayant profondément conscience de ses racines, ne fermant pas les yeux sur ce qui l’entoure. Ces histoires viennent de cette banlieue de Buenos Aires, du quartier des abattoirs où il fut ouvrier. Elles se nourrissent et renvoient au tango, musique avec laquelle Breccia partage 70 ans de vie commune. Les histoires sont aussi celles de la littérature latino-américaine qu’il illustre ou plutôt qu’il adapte : De toute façon, je préfère adapter plutôt qu’illustrer. L’illustration, c’est figer dans un dessin… l’adaptation c’est raconter une nouvelle fois. Et moi, je suis un conteur d’histoires.”

Breccia dépeint, distord un monde noir, grimaçant, un monde dont il veut et juge qu’il doit témoigner. Son dessin n’a rien de réaliste, on le dit expressionniste. Il se modifie au travers des livres, des sujets, il s’appuie sur de multiples techniques et recherches graphiques. Il n’y a pas de lecture rapide, immédiate de Breccia, mais au contraire, pour plus de plaisir et d’intelligence partagée, entre le créateur et le lecteur, une lente appropriation des lignes, des références, des histoires.

Breccia attire notre attention, dérange notre confort, nous apporte son regard et son art exigeant. Chacun pourra y enrichir sa propre vision, sa réflexion, de ses images si diverses et si fortes qui portent en elles la dureté de l’histoire et l’humanité d’Alberto Breccia : “je suis quelqu’un qui montre les blessures, tout en désirant ardemment qu’elles n’existent pas.”

Henriette Zoughebi, Directrice du Salon du Livre de Jeunesse de Seine Saint-Denis.

Infos pratiques

L’exposition s’est déroulée à Montreuil (FRANCE) pendant le 8ème Salon du Livre de Jeunesse de Seine Saint-Denis en Décembre 1992.

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