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Dracula, Dacul, Vlad, Bah

Dracula, Dacul, Vlad, Bah

L'HISTOIRE

Dracula est composé de 5 petites histoires sans paroles :
  • La Dernière nuit du carnaval
  • Latrans canis non admordet
  • Un cœur doux et éploré
  • Je ne suis plus une légende
  • Poe ? … Puaf !

Ces histoires mettent en scène un Dracula un peu particulier dans différentes scènes qui passent du grotesque au morbide.
En 1982-1983, la dictature militaire est à son paroxysme en Argentine. Les dictateurs se sont succédés , les opposants au régime sont menacés et/ou éxécutés, et la liberté d'expression est compromise. C'est dans ce contexte que le Dracula de Breccia voit le jour.
 

MON AVIS

Ne vous attendez pas à voir là une illustration ou une adaptation du Dracula de Bram Stoker. Breccia n'en fait même pas une réinterprétation très personnelle, il se sert du personnage comme point de départ, comme fil conducteur, pour mettre en scène des histoires grotesques et sordides à la fois, des histoires qui mettent en scène de féroces allusions à la situation politique, sociale désastreuse de l'époque.

Car ce Dracula n'a pas grand chose en commun avec le Dracula sanguinaire que tout le monde connait (peut-être ses dents, son manoir et le goût du sang - et encore...) Tour à tour ivrogne (après avoir mordu un badaud sortant d'un bar), donneur de sang ou bien encore patient chez le dentiste, le personnage de Breccia en devient attachant car il est, finalement, le plus humain de tous. Il est l'antithèse du monstre sanguinaire. Le vrai monstre, ce n'est pas lui. Le vrai monstre, Breccia le symbolise par la situation sociale et politique : la misère, la drogue, la population effrayée et affamée, les tortures, les bains de sang, les fusillades etc...

Je me suis rendu compte qu’avec une arme ridicule, comme un petit pinceau, je pouvais dire des choses très graves, très importantes.
(Alberto Breccia dans "Ombres et lumières", Vertige Graphic, 1992)

L'oeuvre de Breccia oscille entre un côté "fleur bleue" (Dracula fait don de son sang pour sauver sa bien aimée qui est mourante) et les atrocités de la répression militaire. Et c'est ce contraste fort entre le personnage et son environnement qui donne une résonance toute particulière à ces histoires courtes. Bien que sans paroles, ces histoires en disent long.

Enfin, les planches couleur sont magnifiques et Breccia n'hésite pas à faire des mélanges audacieux : du rose, de l'orange avec du verdâtre, des bleus nuit intenses réalisés avec des glacis lumineux... Et pour avoir eu la chance de voir des planches originales, elles sont encore plus flashy que les reproductions des albums !

L'édition de 2004 de Rackham comprend tous (ou presque) les croquis préparatoires. Qu'ils soient à peine esquissés ou très aboutis, ils montrent le travail de découpage, de cadrage et de scénarisation qu'a dû faire Breccia pour pallier à l'absence de dialogues.

© Héritiers d'Alberto Breccia (pour toutes les reproductions publiées)

Auteur(s):Alberto Breccia
Scénariste(s):Alberto Breccia
Année de publication:1982 (1992 en France)
Editeur(s):Les Humanoïdes Associés (pour la France)
Style:Couleur
Type:Album / Histoires courtes
Nombre de pages:70 environ
Disponible en Français :Oui


QUELQUES IMAGES

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